Douleur sur le dessus du pied pendant la course : faut-il s'inquiéter ?

Une douleur sur le dessus du pied pendant la course est une chose fréquente chez les coureur(se)s. Il existe de nombreuses pathologies qui peuvent toucher le dessus du pied, parfois bénignes (comme la compression de tendon) ou plus embêtantes (fracture de fatigue). Peu importe ton expérience en matière de running, que tu débutes ou que tu sois un(e) coureur(se) chevronné(e), toutes les hypothèses sont sur la table. Nous allons voir ensemble comment faire le tri et bien identifier ton problème.

Comme tu peux le constater, les causes possibles d’une douleur sur le dessus du pied pendant la course sont nombreuses. Sur cette image, tu peux retrouver les principales pathologies qui touchent le dessus du pied :

Ensemble, nous allons détailler chacune des pathologies du dessus du pied pour bien les identifier.

La ténosynovite du tibial antérieur, aussi appelée tendinite du releveur, est une des pathologies les plus fréquentes du dessus du pied. C’est la gaine du tendon du muscle tibial antérieur qui s’inflamme et provoque une douleur sur le dessus du pied pendant la course.

La ténosynovite du tibial antérieur se caractérise par une douleur assez diffuse sur le cou-de-pied. Cette douleur s’accompagne parfois de douleur sur le mouvement de flexion dorsale de la cheville. Typiquement, la douleur a tendance à augmenter au fur et à mesure de l'activité et donne une sensation de brûlure qui s’estompe rapidement lorsque tu arrêtes de courir.

La tendinopathie insertionnelle du court fibulaire est une tendinopathie compressive (le tendon est plaqué contre l’os).

La zone douloureuse se trouve sur le dessus du bord externe du pied. Les douleurs sont majorées par les séances de qualité (fractionné, côte, sprint) et provoquées par les sauts unipodaux ou encore la contraction résistée du fibulaire (éversion en amenant le pied vers le haut et l’extérieur).

Les fractures de fatigue sont possibles à plusieurs niveaux sur le pied. Le plus souvent, la fracture de fatigue se situe sur la diaphyse du deuxième ou troisième métatarsien. À noter qu’il est également possible de retrouver une fracture de fatigue à la base du cinquième métatarsien qui peut se confondre avec la tendinopathie insertionnelle du court fibulaire. La fracture de fatigue est une pathologie de charge et de vitesse. C’est l’excès de contraintes qui va finir par créer des microtraumatismes.

Pour la classique fracture de fatigue du métatarsien, la douleur est localisée sur un point précis (punctiforme) et la palpation de ce point provoque une douleur exquise. Il est possible de retrouver un gonflement très localisé. La marche peut être douloureuse, mais toutes les activités intenses (sauts, fractionnés, côtes, sprint) risquent de provoquer des symptômes.

Ce sont des douleurs sur l’hallux (le gros orteil). L’hallux rigidus est un enraidissement de l’articulation entre le métatarsien et la première phalange du gros orteil. On retrouve souvent des traces d’arthrose et des ostéophytes à la radiographie.

L’hallux rigidus est douloureux sur le dessus du pied alors que l’hallux valgus fait plutôt mal sur le côté, avec le fameux oignon.

Nous allons évoquer les grandes lignes de la prise en charge des pathologies du dessus du pied.

La tendinite du releveur est le plus souvent provoquée par un fit inadapté de la chaussure et du laçage. N’hésite pas à desserrer tes lacets pour laisser plus d’espace à tes tendons. Une technique simple consiste à griffer les orteils au moment de serrer tes chaussures. Parfois, la languette de certaines chaussures tombe mal sur le cou-de-pied et peut provoquer des irritations inhabituelles (ne pas hésiter à rendre la chaussure si elle est neuve, ou à couper la languette !).
La ténosynovite du tibial antérieur est également une pathologie inflammatoire. Il est donc important de ne pas provoquer de douleur en courant. Pour te soulager, un(e) professionnel(le) de santé peut te proposer de prendre des anti-inflammatoires si l’inflammation des tendons est aiguë (et tes échéances sportives proches). Sinon, le temps fera son œuvre ! 🙏

La base du traitement de la tendinopathie insertionnelle des fibulaires est une bonne quantification du stress mécanique : 

Il faut également veiller à ce que le fit de ta chaussure n’ajoute pas de compression supplémentaire à ton pied. Pour prévenir les douleurs, tu peux sauter un œillet de laçage ou envisager le port d’une paire de chaussures adaptées avec un avant-pied plus large (fit anatomique).

Pour guérir, la fracture de fatigue n’a besoin que d’une seule chose : ne pas provoquer de douleur et éviter le surmenage. Cela implique le plus souvent un arrêt de la course à pied sur trois à six semaines. Pour favoriser la cicatrisation, il est très intéressant de rester actif(ve), en favorisant l’activité croisée et la pratique de sports dits “portés” (vélo, natation). La reprise de la course à pied devra être progressive et il ne faudra pas hésiter à courir plus souvent et moins longtemps, pour favoriser un stress mécanique régulier, et donc plus d’adaptation de l’os.

Le plus embêtant dans ces pathologies qui touchent le gros orteil, c’est de réussir à trouver une solution de chaussage adaptée. La meilleure chose à faire est de se diriger vers un fit anatomique ou des modèles avec une toe-box large. Pas mal de marques proposent certains modèles en version “large”, mais les plus réputées sont Altra ou Xero. Il est également possible d’utiliser un laçage de décharge en sautant le premier œillet pour préserver ton articulation douloureuse.

Un diagnostic bien posé reste le point clé de la prise en charge des pathologies qui touchent le dessus du pied. En dehors de la fracture de stress, il est probable que tu puisses soulager ta douleur sur le dessus du pied pendant la course simplement en adaptant ton chaussage et ton laçage.

Si la douleur persiste malgré ces ajustements (correction d’une chaussure inadaptée et/ou du laçage) et l'adaptation de ton activité physique, nous te conseillons de consulter un(e) professionnel(le) de santé, comme un(e) podologue ou un(e) podiatre pour un avis éclairé. Il/elle pourra t’aider à identifier les causes de tes douleurs et te proposer des traitements adaptés, comme des ondes de choc, des orthèses plantaires, ou encore une série d’exercices de renforcement et d'étirement. Dans les cas les plus complexes, une chirurgie peut même être envisagée.

💡 N’oublie pas : pour prévenir et éviter les douleurs sur le dessus du pied pendant la course, porter des chaussures confortables et adaptées à ton pied est primordial. Il faut également être progressif(ve) dans ton entraînement pour ne pas surcharger tes muscles du pied et ta voûte plantaire.