Ekiden : l'autre façon de courir un marathon

Ekiden. Un mot aux consonances venues d’ailleurs qui t’est peut-être (pour l’instant) étranger, mais crois-nous, une fois que l’on t’aura exposé l’étendue de ce qu’il revête, tu ne penseras plus qu’à l’apprivoiser ! En Europe, l’Ekiden désigne un marathon couru en relais par une équipe de six coureur(se)s, et partagé en différentes portions kilométriques précises. Au Japon, son pays d’origine, cette course conviviale — dont le format peut varier — est l’expression même du collectif en course à pied ; grâce à elle, l’expression “tout seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin”, n’a jamais pris autant de sens. Ah non, en fait, en Ekiden, ensemble, on va non seulement plus loin, mais aussi plus vite. Tour d’horizon d’une pratique qui mêle à la perfection la performance, le partage, la découverte de lieux emblématiques et le don de soi au service du groupe ! ✨

L’Ekiden est bien plus qu’un marathon ou qu’une manière de courir, c’est un art de se dépasser et de fédérer. On te dit tout des prémices de cette pratique.

Inventé par le poète Toki Zemmaro, le mot Ekiden vient du japonais eki signifiant station, et de den signifiant transmettre. On peut donc le traduire comme station relais. Autrement dit, une fois qu’un(e) coureur(se) atteint la station qui lui est attribuée, il(elle) peut passer le relais au(à la) coureur(se) suivant(e) ; relais matérialisé par une ceinture tasuki, témoin de la tradition japonaise (elle sert habituellement à nouer les manches d’un kimono). Il s’agit donc d’une véritable chaîne humaine, d’un travail d’équipe qui, pour être achevé, induit de mettre bout à bout plusieurs efforts individuels au nom du collectif. C’est précisément pour cette raison que l’Ekiden remporte un franc succès auprès des clubs ou au sein des entreprises ou des universités : son pouvoir fédérateur est sans pareil. Et puis, il est bien connu qu’il est plus simple de se mettre au défi à plusieurs plutôt qu’en solitaire.

L’Ekiden s’inspire largement des messagers de la période Edo (ou Tokugawa, qui s’étend de 1603 à 1868). Ces derniers étaient chargés de délivrer des messages entre Tokyo et Kyoto… en courant évidemment ! La distance entre les deux villes était parsemée de stations dont les messagers pouvaient profiter pour se reposer, se ravitailler, ou transmettre leurs messages à d’autres messagers qui couraient à leur tour jusqu’à la prochaine station, et ainsi de suite jusqu'à ce que le message parvienne à son(sa) destinataire. D’où le terme Ekiden : eki (station) et den (transmettre), tu l’as ?

La première course Ekiden a vu le jour au Japon, en 1917, lors d’une commémoration en l’honneur du changement de capitale de ce pays (jusqu’en 1868, Kyoto était la capitale du Japon, depuis cette date, c’est Tokyo). L’épreuve partant de l’ancienne capitale japonaise, Kyoto, et arrivant à la nouvelle, Tokyo, s’étendit sur 3 jours et 508 kilomètres. Évidemment, les passages de relais eurent lieu sur les stations historiquement utilisées par les messagers. 

Aujourd’hui, l’Ekiden le plus emblématique du Japon est celui de Tokyo-Hakone. Il s’agit d’un aller-retour entre Tokyo et Hakone les 2 et 3 janvier de chaque année. 5 relayeur(se)s de 20 universités parcourent 108 kilomètres le premier jour et 110 kilomètres lors de la deuxième journée. Les coureur(se)s se transmettent le tasuki environ tous les 20 kilomètres lorsqu’ils(elles) atteignent un relai-gare. Tu t’en doutes, une sélection pour courir dans l’une de ces équipes et porter la ceinture tasuki — symbole par excellence de l’effort collectif et de l’esprit de cohésion — est un immense honneur pour les étudiant(e)s japonais(es).

Au Japon, la distance de l’Ekiden n’est pas codifiée. La preuve, l’Ekiden du mont Fuji comporte 47 kilomètres tandis que l’Ekiden de Tokyo-Hakone affiche 218 kilomètres. 

En Europe, l’Ekiden doit répondre à des critères bien précis :

➡️ En somme, ces “petites distances” à courir en relais sont une excellente manière d’aborder ou de reprendre la course à pied en groupe, dans un état d’esprit de partage et de dépassement de soi… Rien de tel pour motiver ses collègues ou ses ami(e)s à constituer une équipe soudée !

Comme toute compétition, l’Ekiden comporte des règles à respecter afin de garantir le fair-play entre les participant(e)s et la validité d’une performance. Voici un bref rappel des ingrédients nécessaires à cette pratique.

Comme nous l’avons expliqué précédemment, si l’essence de l’Ekiden au Japon et celle de l’Ekiden en Europe demeurent les mêmes, il existe quelques divergences significatives d’une localisation à l’autre.

Au Japon, la composition des équipes n’est pas fixe et peut varier d’une course à l’autre. Par exemple, une équipe participant au Grand Tour Kyushu, long de 739 kilomètres, se composait de 51 personnes ; cette course n’existe toutefois plus. En Europe, l’Ekiden est très normé : la distance marathon (42,195 kilomètres) est parcourue par 6 coureur(se)s qui se partagent 6 tronçons bien distincts.

Au Japon, les passages de relais ont lieu sur des stations plus ou moins à équidistance et sont matérialisés par la transmission de la ceinture tasuki d’un(e) coureur(se) à l’autre. En Europe, le passage de relais a lieu précisément après 5 kilomètres, puis 10 kilomètres, puis 5 kilomètres, puis 10 kilomètres, puis 5 kilomètres et enfin 7,195 kilomètres, et se transmet sous la forme d’un bracelet ou d’un témoin.

Si les courses Ekiden ont majoritairement lieu sur route, il est aussi possible de concourir sur des événements en pleine nature, sous la forme de cross-country. Des facteurs tels que le dénivelé et la technicité du terrain entrent ainsi en jeu sur certaines portions du parcours. La fatigue est également un facteur clé puisque certaines épreuves se courent sur plusieurs jours, et que certain(e)s relayeur(se)s sont donc amené(e)s à courir de nuit.

Pour trouver l’Ekiden qui te convient, nous te recommandons de consulter le site internet de Finishers, tu trouveras certainement ton bonheur dans leur calendrier. En attendant, voici quelques Ekiden en France et à l’étranger : 

La première étape avant de procéder à ton inscription à un Ekiden est de constituer ton équipe. Une fois cette étape réalisée, tu pourras procéder à l’inscription de l’ensemble des relayeur(se)s de ta team via le site internet de l’organisation.

L’Ekiden est bien plus qu’une course classique : au-delà du chrono, du podium et de la performance, l’ambiance est à la fête et au partage. En somme, l’Ekiden rassemble — comme nulle autre compétition — coureur(se)s et supporter(rice)s. Et parce que nous sommes convaincu(e)s que c’est précisément dans ces valeurs-ci que réside le pouvoir de la course à pied, nous ne pouvons que t’encourager à prendre part à un Ekiden... que tu sois déjà adepte du marathon traditionnel ou que tu n'aies pas encore franchi le cap sur cette distance mythique ! 🎉